49. Merci et pardon !

« Pourrais-tu me remplacer ? »

« Je ne suis pas très à l’aise avec le sujet, mais je vais essayer… » Je ne savais pas qu’en acceptant ce remplacement, j’allais passer une très mauvaise journée de formation.

Je dois intervenir auprès d’un groupe de futur responsables QSE sur les ATmosphères EXplosives. Certes, j’ai le support et le formateur que je remplace m’a donné des éléments explicatifs, pourtant je ne suis pas rassuré, car je ne maîtrise pas vraiment le sujet.

Rapidement, je me retrouve sans réponse face aux nombreuses questions précises… Ce que je craignais est arrivé !

Est-ce parce que je suis arrivé dans cet état d’esprit que cette journée commence aussi mal ? J’en viens à me poser la question. Est-ce que nos intentions et nos craintes peuvent modifier le cours des choses et attirer les événements qu’on redoute ? Plus j’avance et plus je pense que oui. Les neurosciences ou encore la physique quantique essaient également de répondre à ce type de question… ou alors tout simplement je n’étais pas à ma place à ce moment là.

Revenons-en au cours sur l’ATEX. J’essaie de répondre avec maladresse et plus on avance, plus je me rends compte que je vais terminer bien avant l’heure prévue. Au final 2 heures avant la fin, je n’ai plus rien à apporter sur le sujet, si tant est que j’ai pu amener quelque chose d’intéressant.
Cette expérience m’a longtemps marqué et je suis resté longtemps avec la crainte de terminer avant l’heure. Nos peurs naissent parfois d’expériences qui génèrent des émotions désagréables que l’on ne veut plus revivre.

Aujourd’hui, j’ai tellement à dire sur la sécurité -santé au travail, je trouve ça tellement passionnant, que je dois plutôt me restreindre et gérer mon temps à l’inverse.

En quittant cette salle, je me suis promis plusieurs choses :

  1. Je n’interviens que si j’estime maîtriser suffisamment le sujet.
    • Cela semble évident, mais tous les formateurs ont vécu des situations similaires, pour rendre service, remplir leur agenda…
  2. Si je n’ai pas la réponse à une question, ce n’est pas grave il suffit de dire « Je ne sais pas ».
    • Là aussi, ce qui semble évident ne l’est pas toujours, pour une question d’orgueil on n’ose pas dire que l’on a pas la réponse à certaines questions. Désormais j’accepte le fait de ne pas toujours apporter de réponse immédiate, car j’ai travaillé sur ce point et je ne m’appelle pas google mais Jean-François. 😉
  3. Je ne dois pas chercher à avoir toujours raison.
    1. Autre défaut que j’avais ! Parfois, je m’engluais dans des situations où ma position de formateur faisait que je devais avoir raison sur tout. En tout cas c’est ce que je croyais bêtement. J’exagère un peu, mais pas tant que ça. Il m’est arrivé d’insister lourdement pour constater ensuite que j’avais tort, pire encore, après une argumentation implacable de mon interlocuteur, je restais bloqué sur mes positions.

mainJ’espère que les personnes qui ont été confrontés à cet « ancien moi » auront la bonté de m’excuser.

Quand j’y repense, je souhaite les remercier pour toutes les fois où elles m’ont poussé dans mes retranchements. Grace à elles j’ai pu progresser.

Cela me permet de mieux comprendre certains participants butées qui se retrouvent dans des situations similaires en formation. J’essaie de les aider plutôt que de les convaincre. Je cherche plutôt à les amener à changer de point de vue, plutôt qu’à défendre leur position.

Je m’efforce surtout de les mettre à l’aise avec le fait que l’on peut se tromper, avoir tort et envie d’avoir raison. Pour cela je pratique l’autodérision et la dédramatisation.


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PROCHAINE HISTOIRE:  « Et maintenant que vais-je faire ? »

11 thoughts on “49. Merci et pardon !

  1. Bravo!
    Je retiens: la prochaine fois je dirai: »Je ne m’appelle pas Google », excellent!

    Ceci dit j’ai toujours sous la main, au cas où je finirai plus tôt, un quizz, un mot croisé sur le thème abordé. Ca permet de vérifier l’acquisition et de se détendre en jouant.

    Et oui, arriver en se disant que tout va aller pour le mieux! Avoir confiance, être serein et souriant; Etre dans le partage, l’écoute et l’empathie…

    • Merci Isabelle pour ce partage.
      Terminer sur une note ludique et valider en même temps les acquis permet de clôturer intelligemment une journée de formation.
      Pour ce qui est de ton dernier conseil, il est précieux et servira j’espère à de nombreux formateurs. 😉

    • Sympa l’idée du mot croisé ou du jeu.
      Je fais souvent un quizz à la fin pour voir si ils ont bien acquis mais je pense que je vais faire de meme.
      Merci pour le conseil.

      • Merci à toi Jérémy.
        Ce qui compte c’est de rendre la formation utile !
        La validation des acquis sous forme ludique permet de répéter et d’ancrer les messages clés plus profondément.

  2. Bonjour jean François, je ne fais pas partie de tes étudiants qui ont été confrontés à cette situation de blocage. Ce que tu dis est fortement intéressant car pour ma part la qualité première d’un préventeur est la remise en question.
    Si nous savions tous sur tout, nous ne ferons pas de la prévention, et c’est pour cela que je vois cette démarche de prévention comme une démarche d’amélioration continus, non pas seulement que des processus relatif à une structure, mais de notre savoir-faire et du savoir être.

    Enfin, je suis tout à fait d’accord sur le fait qu’il vaut mieux dire à ses interlocuteur que l’on a pas pour l’instant la réponse à sa question que de l’orienter vers des élément erronées.

    Nous nous ne connaissons pas tout sur tout, une démarche de prévention est une démarche pluridisciplinaire où il faut savoir faire le premier pas afin de solliciter des experts, médecin, infirmier, …

    • Bonjour Jamel,
      Effectivement, se remettre en question est nécessaire, même si c’est rarement aisé.
      Il faut travailler sur soi, être conscient de ce que l’on sait et de l’entendu de son ignorance, mais ce n’est pas cela qui importe.
      C’est ce que l’on peut construire avec les autres pour améliorer la prévention.
      D’ailleurs les réussites collectives ont une saveur bien supérieure à ce que l’on peut faire seul. 🙂

  3. J’aime bien votre phrase « je ne suis pas google « .
    Je tiens à dire que les erreurs permettent d’avancer.
    Une erreur est un échec que si on n’avance pas et que l’on ne se remet pas en question.

    Pour finir j’espère que ce n’est pas la fin de vos histoires.
    50 était juste un objectif. Fixez en d’autres .

    Bien à vous

    • C’est vrai que les erreurs sont un vecteur d’apprentissage incontournable…
      Pour la dernière histoire, je pense organiser un concours auprès de mes abonnés (un peu plus de 200) et leur demander de partager une expérience de préventeur. JE vais mettre ça en place dans les prochains jours.
      Pour la suite, je vais trouver une autre idée !

  4. Bonjour jean François PATTE,

    je suis surpris et inquiet de voir qu’il n’y pas de nouvelle actualité sur vote site ni même sur LINKEDIN.
    Est-ce parce que vous êtes à fond sur de nouveaux projets ?
    J’espère que vous vous portez bien et espère vous lire très bientôt .

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