30. L’ingénieur et l’ouvrier

Découvrez la nouvelle histoire vécue de la série « 50 visions de prévention » (en savoir plus sur mon défi)

Dans cette usine, je dois former l’intégralité du personnel sur les risques et leur rappeler comment les prévenir à leur niveau. Les groupes sont « panachés », c’est-à-dire qu’on y trouve autant les opérateurs que leurs responsables et des personnes des services supports.

C’est une volonté de la Direction que chacun ai un socle identique de connaissance et participe à cette formation qui dure 3 heures par groupe.

Pour ce type de formation, habituellement la population visée est uniquement celle qui est en contact direct avec tous les risques liés à leur activité.

Y inclure d’autres personnes permet de prendre conscience au travers des échanges de certaines difficultés opérationnelles, et si les séances sont préparées et animées de façon constructive, cela permet de réduire le fossé entre le personnel d’atelier et les « improductifs »…

C’est un autre débat sur lequel je reviendrais dans une prochaine histoire.

 

Venons-en aux faits ; Ce jour-là, je discute à la machine à café avec un opérateur de travaux en cours dans l’atelier. Il me dit qu’une des machines sur laquelle il travaille, qu’il connait bien puisqu’il la conduit depuis plus de 10 ans, va être démontée.

Certaines modifications doivent être apportées et le jeune ingénieur qui suit les travaux lui a précisé que d’ici 15 jours celle-ci serait fonctionnelle à nouveau.

L’opérateur a fait remarquer au « col blanc » (expression qu’il a utilisé) que son objectif était ambitieux et qu’il peut lui expliquer pourquoi.

Plutôt que de l’écouter, l’ingénieur a préféré tourner les talons et remonter dans son bureau.

Je dois avouer pour l’avoir rencontré que ses manières condescendantes étaient assez mal vues par les opérateurs et que le dialogue n’était pas simple.

Je pense que son attitude était entre autre due à son manque d’expérience et de confiance en lui sur la façon dont il devait se comporter avec les autres personnes de l’entreprise.

 

Quelques temps plus tard (environ 5 semaines), sur ce même site, je recroise l’opérateur et lui pose la question : « Alors la machine est route ? »

La mimique qu’il me renvoi et sa réponse sont très clairs. Il avait raison. Il n’en tire aucune fierté, cependant si l’ingénieur qui pilotait ces travaux l’avait écouté…

 

puzLe conseil du préventeur

La question n’est pas de faire des amalgames ou des raccourcis rapides, encore moins de juger qui que ce soit, mais bien d’apprendre à communiquer.

Croiser les « savoirs » et les « savoir-faire » permet d’éviter bien des problèmes et augmente les chances de trouver des solutions adaptées et pérennes.

 


Pour suivre la série « 50 visions de prévention » et être informé par mail de chaque nouvelle histoire.

PROCHAINE HISTOIRE:  » Combattre le risque à la source « 

5 thoughts on “30. L’ingénieur et l’ouvrier

  1. Chaque idée venant d’une personne X ou Y est bonne à prendre.
    Nous avons tous des visions diffèrentes , la mixité des savoirs fait la force.

  2. Oui complètement d’accord,
    j’ai vécu la même chose dans ma société sur un projet d’aménagement de camions pensé par les gens des bureaux.
    J’avais proposé d’inclure 2 techniciens mais on m’a dit non.
    Nous avons fait les choses de notre coté et PAF !! 50% de l’agencement n’allait pas. Pas pratique pour les techniciens.
    Imaginez la perte de temps, d’argent, etc.
    J’ai pris en douce les avis des techniciens et nous avons modifié les schéma pour arriver à quelque chose d’utile, utilisable et utilisé.

    En réfléchissant au groupe de travail de départ nous arrivons à un meilleur compromis.

    • Bonjour Pierrick,
      Merci pour ce témoignage.
      Et oui, j’imagine très bien cette perte et la baisse de motivation qui va avec.
      Si je devais additionner les investissements inutiles pour ne pas avoir intégré des opérationnels…
      Bravo pour la règle des 3U. 😉 Par contre c’est dommage de devoir fonctionner « en douce ». Si chacun reconnait « ses erreurs » on peut repartir sur des bases saines et travailler ensemble pour l’intérêt collectif dans le respect des conditions de travail des individus.

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